Je ne crois pas que la majorité des parents qui se déresponsabilisent soient des nostagiques de mai 68, je pense plutôt qu'une telle situation reflète chez eux un constat amer d'échecs dasn leur vie sociale ou professionnelle. Certains doivnt en même temps affronter la précarité au travail, le fait de ne pas avoir des sources de revenus réguliers, et cependant devoir acheter à manger et payer un loyer. Leur propre survie est en jeu, alors le sort d'un enfant est relégué au second plan. Certaines autres personnes voient leur conjoint les quitter, ce qui peut aussi engendrer un repli sur soi et un désintérêt général au monde autour, y compris son propre enfant.
Je ne cherche pas à trouver des raisons aux parents démissionnaires et en faire des victimes sans défense d'un système oppresseur, mais il faut des fois s'interroger sur les fondements de telles situations. Je pense que la société de consommation pousse à de tels comportements. Aujourd'hui, un célibataire est un client potentiel de sites de rencontres ou autres en tout genre, speed dating, afin qu'il ne reste plus seul. La solitude est présentée comme une tare sociale, les célibataires sont pointés du doigt. Il faut impérativement se mettre en couple et le plus tôt est le mieux. Cependant, certains ne sont pas assez mûrs pour la suite mais franchissent tout de même le pas, pour pouvoir se sentir "dans la norme". En fait la procréation devient un plaisir égoïste, non pas avec la perspective d'élever un nouvel être, mais de se sentir déclaré socialement apte. Après il faut cependant élever le petit bout de chou qui est arrivé et ce n'est pas évident. Certains vont alors faire en sorte qu'il se sente le centre de toutes les affections, qu'il devienne un enfant-roi. Mais ce dernier va rapidement devenir un tyran et les parents vont alors se retrouver dépassés et le laisser faire ce qu'il veut. Ceci est une autre cause de la déresponsabilisation des parents car ceux-ci n'ont plus le contrôle, ils sont esclaves, alors comment pourraient-ils se sentir responsables?
Je ne crois pas non plus que la déresponsabilisation vienne aussi d'une volonté de laisser l'enfant libre de toucher à la connaissance dans le temps qu'il veut. Aujourd'hui, il existe une vraie pression sociale liée à la rentabilité. Echouer n'est plus permis, au contraire, il faut savoir tout faire tout de suite et le redoublement est vécu par l'enfant mais aussi par les parents comme une injustice et constitue la preuve irréfutable de son incapacité à apprendre, à avancer et à terme de trouver un emploi.
Voilà pourquoi je dis que la démission de certains parents est le reflet d'un constat d'échecs dans leur vie. Ils se retrouvent à devoir effectuer le bilan de leur vie et l'enfant représente alors un fardeau qu'il est préférable de poser car trop encombrant alors qu'ils devraient au contraire continuer à l'élever pour tout simplement lui offrir un avenir plus serein.