C'est vrai que s'il y a une crise au niveau universitaire, le problème vient effectivement des classes antérieures à la première année de l'enseignement supérieur. Je crois intimement que le "90% des élèves d'une génération au bac" fut une bonne réforme mais comme le dit le film Universités le grand soir, cette dernière fut pervertie. Je suis moi aussi un produit des classes prépa et j'y suis entré lors de la grande crise qu'il y a eu lors de l'épreuve de maths du baccalauréat. De l'avis des professeurs de prépa, ce sujet était très bon car "pour la première fois depuis bien longtemps" on nous proposait de "faire des maths", mais le problème est venu que nous "n'avions pas été préparé à cela". Voilà le problème. Les deux dernières années du lycée, on bachote, on assimile un maximum de connaissances que l'on recrache le jour J pour avoir le diplôme, mais jamais on nous apprend à réfléchir sur ces connaissances.
A ce phénomène s'ajoute les allégements de programme qui à mon avis sont préjudiciables pour les étudiants car la plupart des enseignants s'attendent à trouver un certain niveau dans un amphi mais ce dernier ne peut pas avoir été atteint faute d'apprentissage des connaissances nécessaires auparavant. Après, tout le monde s'étonne que le niveau baisse, il baisse oui car on nous propose moins dans le secondaire et on attend de nous un niveau équivalement à nos prédecesseurs d'il y a 10 ans dans le supérieur. Je suis d'accord qu'il faut réformer, refondre et repenser l'enseignement du secondaire car je m'étonne de voir que beaucoup de professeurs fonctionnent pour le collège et le lycée avec des polycopiés sans plus faire copier le cours. En donnant des cours particuliers, je vois bien que cette méthode a ses limites. Bon nombre de collégiens et de lycéens ne suivent pas, ils lisent distraitement la photocopie et n'apprennent plus leur cours. Et également ils ne sont plus encouragés à écrire juste, et à se demander si ce qu'ils écrivent est correct.
Je suis d'accord aussi que la réforme doit partir de la base puisqu'il faut concentrer les efforts sur l'apprentisage de l'écriture et du calcul. L'écriture est importante, et il ne devrait pas y avoir de problème à dire à un enfant de CP qu'il lui faut un peu plus de temps que les autres pour devenir mature. Le problème est sans doute plus profond et vient de notre société qui ne vit que dans l'instant et la volonté d'avoir des résultats tout de suite. Comme l'Antigone d'Anouilh : "Je veux tout et tout de suite". Non, il faut savoir prendre son temps surtout sur des problèmes aussi graves que sont le calcul et l'écriture .J'insiste lourdement sur le calcul car je trouve tout aussi intolérable qu'un collégien ne connaisse pas ses tables de multiplication ou doive utiliser une calculatrice pour faire 6*8. Comme toi Elsa Marie, lors de la journée de la JAPD j'ai été effaré de voir que dans la salle deux personnes avaient échoué le test! Et comme toi, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir été privilégié, d'avoir eu ce privilège de l'accès à l'éducation. Il faudrait une réforme pour l'éducation, il faudrait "100% d'une classe d'enfants en 6ème en sachant lire et écrire". C'est moins frappant que l'autre.
Pour finir et revenir rapidement sur le LRU, l'accès à l'éducation est un droit que chacun doit être en mesure d'avoir, y compris à l'université qui permet en outre d'accéder à la culture et de se forger son libre arbitre. Si on supprime cela, en mettant une barrière sociale, que va-t-on créer? Une société bicéphale, dont une partie sera instruite et commandera l'autre "crétinisée"? Je crains que ce système voie le jour dans quelques années et cela sera très inquiétant.